l'histoire d'un bisou voyageur...
A T T A C*
*ATTAC : Absence Temporaire Testant Amourmitié Clavinaissante
pour comprendre le texte, un petit lexique sera utile
Lexique
Accorder ses violondes : régler les tensions, les fréquences afin d'obtenir la meilleure qualité de résonance magnétique
possible
Amourmitié : lien qui s'établit entre deux humains, lien pur,indestructible, intemporel, presque divin
Clavarder : bavarder par l'intermédiaire d'un clavier
Clavardage : bavardage sur clavier
Clavinaître : naître à partir d'un clavier
Condeversation : conversation uniquement par ondes interposées
Epous'onder(s) : réaliser l'union d'êtres dont les ondes s'épousent dans un même faisceau. Cette opération réalisée, elle
reste définitivement inscrite dans le code fréquentiel des dites ondes
Horizonde : ligne imaginaire indiquant les limites du champ d'action des ondes
Intimiter(s') : apprendre à se connaître, à entrer dans l'intimité de l'autre (à deux ou à plusieurs.)
Mentalondes : ondes en provenance du mental, de l'intellect
Neurondes : nerfs, forces des ondes
O U H V : Ondes à ultra haute vibration
Questionde : interrogations venant perturber la clarté des ondes
Transe- fusion : Etat virtuellement fusionnel, dans lequel les êtres sont dans un état de conscience modifié, proche de la transe,
de l'inconscience donc.
Trionder : réunir les ondes de trois fréquences simultanées sur un même faisceau
et maintenant, le premier jour de ce carnet de route d'un bisou voyageur...
Dimanche 13 juillet 03
Tout d'abord je me présente : je suis un élément difficile à décrire, parce que je n'ai pas vraiment de consistance, je ne suis parfois qu'une sensation, ou une image virtuelle, ou un concept, ou une attitude, voire une action, ou seulement une impression semblable à toutes ces choses que les humains peuvent inventer pour communiquer entre eux . Je suis un bisou.
Ce matin, ce fut à la fois un grand étonnement et un certain ravissement pour moi. Parce que, alors que je vivais ici depuis un certain nombre de jours, chez P., avec plusieurs de mes semblables, j'ai réalisé que j'étais en partance pour un voyage de durée indéterminée que j'étais l'élément désigné pour atterrir dans sa valise. En effet, un message disant : « Un bisou de toi dans ma valise et, c'est parti » adressé à celle qui m'avait mandaté pour transmettre des ondes à l'homme qui me glisse dans sa valise, en ce moment, ce message dis-je, m'a fait comprendre que j'allais devoir pendant plusieurs semaines être l'heureux élu, celui sur lequel deux humains allaient devoir compter pour garder le contact.
Il faut maintenant que je parle de V., cette femme avec qui je suis en permanence relié par un système d'ondes unique, dont la fréquence n'est connue que d'elle, et dont les pouvoirs sont entre ses seules mains, ou plutôt ses seules pensées.
V., c'est la femme de l'histoire. L'autre humaine, celle que P. a choisie un jour pour clavarder*, pour s'intimiter*, à deux, tout cela sans s'être jamais vus, jamais touchés avant ce voyage, sauf par la pensée et par les ondes.
Autrement dit, je ne sais pas très bien qui des deux est mon réel propriétaire aujourd'hui, tout ce que je sais, c'est que je pars et que je serai constamment «connecté» aux deux personnages.
P. et moi partons pour une mission somme toute analogue, humanitaire, qui est celle de transporter une certaine forme d'énergie dont les humains ont tous besoin pour bien vivre, cette énergie qu'il nomme Amour du prochain : Amour des humains de toutes races, de toutes nations, pour d'autres humains vivant, comme eux, sur la planète terre, mais sous d'autres latitudes, partage d'Amour universel .
Bien sûr, il arrive que ces ondes, ces courants d'énergie, soient parfois remarquables, plus intimes, plus privés dirons-nous, lorsqu'un élément notoire fait que le mot amour désignant cette énergie prend un sens plus précis entre deux humains spécifiques, à cause de l'attirance qu'ils exercent l'un sur l'autre, ou à cause d'un passé commun, ou encore à cause de trajectoires qui se rejoignent ou que sais-je encore . Il y a de nombreuses raisons possibles.
Je sais que je pars vers une destination où peut-être des moments difficiles vont entamer la sérénité de P., mais où peut-être, aussi, d'autres instants grandioses vont rendre difficile pour moi la tâche de transmettre les ondes envoyées par V., parce que la capacité de réception de l'homme en sera d'autant réduite que les émotions générées par ces instants-là seront grandes et fortes.
Je sais donc que mon rôle sera tour à tour une tâche rude, une uvre délicate, une activité très agréable souvent, et toujours une opération importante. En effet, V. tient vraiment à ce que je sois toujours présent, en mesure d'assurer ma mission, quelles que soient les circonstances, tout en restant discret, mais actif.
J'ai un peu d'appréhension : je n'ai pas l'habitude de voyager dans une valise!
Je me suis promené, depuis mon arrivée chez P., en toute liberté dans son logement, ses placards, sur lui, ses vêtements, je l'ai suivi parfois au dehors, je suis apparu dans ses rêves, et ai même réussi à traverser ses pensées en plein travail! Et voilà que je vais devoir rester un long moment coincé entre des vêtements, un nécessaire de toilettes et, qui sait, bien d'autres objets qui ne me sont sans doute pas très familiers. L'homme a même laissé entendre qu'il emporterait un certain nombre de feuillets à lire, je pourrais donc, s'il met ce projet à exécution, me retrouver pris entre deux pages.
Peu importe, je suis aujourd'hui, malgré toutes mes inquiétudes, le plus beau, le plus fort, le plus généreux, le plus doux, le plus gros, le plus, le plus, le plus heureux de tous les bisous du monde. Je suis celui qui part avec P..