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les histoires de géraldine

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24 février 2006

blessures d'enfance

A tous ceux qui croient que les blessures d'enfance s'effacent peu à peu, j'ai envie de dire que je ne crois pas, pour ma part, qu'un coup d'éponge magique puisse ainsi libérer les mémoires... Ces blessures sont là d'une part, enfouies parfois, parce qu'elles n'ont pas été reconnues et traitées comme telles, et leur méfaits d'autre part, car elles ont nécessairement conditionné la construction de l'enfant blessé ...L'adulte qui en découle porte les stigmates, les cicatrices de ces blessures, visibles ou invisibles, et un jour la douleur s'éveille de nouveau, au hasard de la vie.

J'ai fermé la dernière page de ce témoignage, " pélerins des étoiles", sur l'espoir, car chaque être a heureusement l'espoir d'affronter un jour sa vérité et ses souffrances, même très profondes, pour s'en affranchir, et en cela la vie est généreuse...mais chaque être a la liberté de passer à côté aussi, de refuser...faire le chemin à l'envers n'est pas toujours facile, car c'est accepter de regarder en face les dégâts provoqués, les handicaps associés, les troubles...les erreurs. Les blessures d'enfance ne peuvent pas être anodines et sans effets pervers ...

A chacun sa route, pour aller à sa propre rencontre...

Je vais ici citer un récent ouvrage d'une centaine de pages, dont je ne suis pas l'auteur, mais dont le sujet apporte de l'eau à mon moulin ...
quatrième de couverture , extrait  :" ce livre est le témoignage d'une blessure ancienne mais toujours présente, la parole enfin exprimée à l'issue d'années d'enfouissement....[...] L'auteur choisira d'apprivoiser sa mémoire plutôt que de l'occulter. ...il lui faudra plus de quarante années pour pouvoir crier cette douleur sur le terrain de la conscience...."

Ce livre est édité aux éditions La part commune .......pour tous ceux que le sujet interesse :

dedepoulaud                

  Titre : Au nom de ma blessure...auteur: André Poulaud   (cliquez sur  l'image pour l'agrandir)

Ah !!! C'est de la Pub, ...et bien tant mieux ... tant pis ....c'est fait !!!

Pour ma part, mon  témoignage écrit  étant livré, et sa dernière page tournée,  ...je vais essayer de revenir à la poésie que j'ai abandonnée depuis un moment.
Et à l'exercice des acrostiches ...

                  ...et continuer à dire que se libérer de son fardeau permet de marcher plus léger sur la route des étoiles...

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23 février 2006

epilogue

Epilogue

Toute ressemblance avec des personnages… N’aurait rien de surprenant. Ne sommes nous pas, tous, sur cette planète, des pélerins d’étoiles en quête de leur chemin ?
Et ainsi, nos routes se croisent, se mêlent, se confondent puis s’écartent.

Ce conte, comme tous les contes, se termine très bien. Mais, contrairement au cliché traditionnel, le prince et la princesse ne se marient pas à la fin !
Ils s'aimeront toujours, éternellement, dans leur étoile, qu'ils sont seuls à connaître…loin du tumulte et de l’agitation.

Dépassons donc les frontières imposées par nos étroites intelligences et laissons-nous porter par ce mystère qui nous habite, la quête de cette étoile qui n'aurait pas de nom, à moins que son universalité…

Telle serait donc la Grande Histoire, n'importe où dans ce monde : marcher, chercher l' Etoile, pour vivre heureux enfin, en harmonie avec  les créatures qui nous entourent, en attendant  la  Mort.

A l'heure où je termine ce livre, la violence est toujours en vedette, et des hommes  utilisent encore leurs pouvoirs pour décider de la vie et de la mort de nos semblables ; ces hommes se moquent bien des étoiles, en invoquant leurs Dieux, et des pélerins s ‘effondrent sous des bombes, quand d’autres naissent dans la lumière. Et la vie suit son cours.

Pourtant, un autre monde se prépare, tranquillement, que ces hommes guerriers ne peuvent maîtriser… Celui des silencieux paisibles, qui ont trouvé la route de l’Etoile et qui sont en marche …
Un jour, peut-être, ces marcheurs débonnaires seront les plus nombreux, rêvons….

22 février 2006

2000....octobre

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner

2000

Le 22 Octobre

Do chéri,

J'ai reçu, il y a  quelques temps, l'envoi contenant tes réflexions et ta gentille lettre d'accompagnement.
Quel travail ! Je viens d'en achever la lecture.
Tu as bien fait, évidemment, d'investir dans un nouveau matériel et je suis certaine que le portable te facilitera la tâche, puisque tu vas, grâce à ton nouvel emploi, pouvoir voyager enfin. Et le texte est tout de même plus lisible que les feuillets que tu m'avais montrés, après ta sortie de l'hôpital !
Que dire de tout ce labeur ?
Ma modestie en prend un coup, tout de même.
Je ne suis pas aussi bonne fée que tu le prétends, et tu le sais bien. Ton regard est tout à fait subjectif et tu manques un peu d'honnêteté en parlant de moi comme de cette sorte de fèe posée au-dessus de ta vie. Ceux qui ont l'occasion de me côtoyer chaque jour pourraient te dire à quel point ce n'est pas toujours facile de me suivre, et comme je ressemble peu à une fée ou une angélique compagne de route pour eux , quelquefois !
Tu l'as dit d'ailleurs, j'ai des exigences envers moi et, par voie de conséquence, envers les autres involontairement parfois ; je ne sais pas toujours bien apprécier cette distance qui s'accroît entre moi et quelques personnes,  qui se considèrent pourtant si proches de moi, malheureusement…le dialogue n’est pas toujours simple.
Mais je sais que tu as parlé avec ton cœur, et qu'il parle fort bien. Je l'ai toujours su. Je sais aussi que
c'est la lumière qui a éclairé notre rencontre et guidé notre route que tu as voulu mettre en mots, en images, et c'est ainsi que je lis entre les lignes ce qui, dans ce récit,  n'appartient qu'à nous.
Non, tu n'as pas trahi l'histoire, tu t'es montré bien sévère peut-être, parfois, avec toi-même, et trop réservé. Si j'avais pû écrire à ta place, le vocabulaire dont je dispose m' aurait paru bien fade pour dire tout ce qui me relie à ton esprit, pour parler de ce souffle qui nous fait vivre depuis si longtemps à l'unisson au delà du commun, pour te mettre toi aussi dans la lumière !
Tu as dû travailler de longues heures pour arriver à finir ce récit des événements dans un délai aussi court et je suis en admiration devant l'exactitude de certains détails. Quelle mémoire !
Je savais que tu notais souvent les faits, conservais les courriers, mettais notre histoire en sommeil dans des cahiers, des albums, et je suppose que tu as dû faire du tri pour garder l'essentiel à tes yeux.
Tu as su respecter mes propos, et ne pas trahir ma pensée, mais de cela je ne suis pas surprise. Je te remercie particulièrement de ta discrétion, tu as su choisir et faire l'impasse sur certaines de mes colères, que je regrettais si vite, et sur mes moments de découragement. Tu n'as pas voulu ternir le récit de notre aventure par des détails trop empreints de détresse ou de désespoir, n'est-ce pas !
Du moins je le ressens ainsi, parce que sûrement nous n'avons jamais totalement désespéré.
Je pense que nous n'avons pas cherché, ni toi, ni moi, à nous épargner dans cette longue quête ; le but était fixé, et nous avons marché, chacun, sur un chemin sans complaisance, jusqu'au bout de nous-mêmes. Et parfois, cela signifie aller très loin…
Maintenant, nous allons cueillir les fruits de ce que nous avons semé, nous allons partager le bonheur
de la libération, nous allons briller, illuminés par la clarté de l'étoile …Nous avons presque gagné.
Une part reste à l'inconnu, à demain, qui est un jour nouveau.
Do, je t'aime de cet Amour qui n'a pas de nom, qui n'est pas d'ici, et qui est partout. Dans tous les instants, toutes les paroles, tous les paysages. Partout, je le porte en moi, comme tu le portes en toi. Nous nous rejoignons, ainsi, dans un monde que je crois être le vrai.
Mais, tu as raison, ne gardons pas cela pour nous, donnons l'espoir à d'autres qui cherchent la lumière et qui doutent. Parlons.
Nous allons bientôt nous revoir. Ta retraite indispensable m'a parue longue et courte à la fois ; je ne croyais pas que tu finirais si tôt.
Je n'ai pas besoin de t'en dire plus long sur la joie qui accompagne l'idée de ces retrouvailles toute proches.

En attendant, prends bien soin de toi.
Tendresse.
Nad.

P.S. Je te joins ce tercet, je sais que tu comprendras:

« Mon cœur est capable de toute forme ; c'est
un pâturage pour les gazelles et un cloître pour les moines,

Un temple pour les idoles et la Ka'aba des pélerins
et les tables de la Thora et le livre du Coran,

L'amour est ma religion et où que se dirigent ses montures, l'amour est ma religion et ma félicité. »

                                      Ibn  Arabi  (1165-1241)

21 février 2006

textes annexés ...suite

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner

2000 :  autres textes annexés

1.  Par le soleil de la matinée,
2.  Par la nuit quand ses ténèbres s'épaississent
3.  Ton Seigneur ne t'a point oublié, et il ne t'a pas pris en haine.
4.  La vie future vaut mieux pour toi que la vie présente.
5.  Dieu t'accordera des biens et te satisfera.
6. N'étais-tu pas orphelin, et ne t'a-t-il pas accueilli ?
7. Il t'a trouvé égaré et il t'a guidé.
8. Il t'a trouvé pauvre, et il t'a enrichi.
9. N'use point de violence envers l'orphelin.
10.  Garde-toi de repousser le mendiant.
11.  Raconte plutôt les bienfaits de ton Seigneur

LE CORAN.          SOURATE XCIII.
                                                 Traduction: Kasimirski

1.  N'avons-nous pas ouvert ton cœur
2.  Et allégé ton fardeau,
3.  Qui accablait tes épaules ?
4.  N'avons-nous pas élevé haut ton nom ?
5.  A côté du bonheur est l'adversité ;
6.  A côté de l'infortune est le bonheur.
7.  Quand tu auras achevé l'œuvre, travaille pour Dieu,
8.  Et recherche-le avec ferveur.

LE CORAN.        SOURATE XCIV.
                                                  Traduction: Kasimirski

Le Bienheureux Seigneur dit :

1. Fils de Prthâ, apprends comment, la pensée attachée à moi, pratiquant la discipline unitive, prenant en moi ton refuge, tu me connaîtras sans incertitude et intégralement.
2. Je m'en vais te dire, sans rien omettre, (ce qu'est) cette connaissance et l'intuition spirituelle(à laquelle elle conduit). Quand tu la connaîtras, plus rien en ce monde ne te restera à connaître.
3. Parmi des milliers d'hommes, quelqu'un s'efforce vers la perfection et parmi les chercheurs parvenus à l'accomplissement du Soi, il (n'en) est (qu')un à me connaître réellement.
4. Terre, eau, feu, air, ether, fonction mentale, intellectuelle et personnalisante, ainsi en huit modalités, se divise ma nature.
5. Ce n'est (là) que (ma nature) inférieure. Mais sache qu'il en est autre, ma nature supérieure; elle constitue l'ordre des âmes individuelles vivantes par lesquelles ce monde est soutenu, ô guerrier aux grands bras.
6. Considère que tous les êtres ont cette double nature comme matrice. Je suis l'origine mais aussi la dissolution de l'univers tout entier.
9. Il n'est rien d'autre qui me soit supérieur, Dhanamjaya; en moi tout ce monde est enfilé comme un rang de perles sur un fil.
8.9. O fils de Kunti, dans l'eau je suis la saveur; je suis l'éclat dans la lune et le soleil, la syllabe AUM dans tous les Veda, les sons dans l'ether, la virilité chez les hommes, le parfum dans la terre, la splendeur ardente dans le feu. Vie dans tous les êtres, je la suis; et je suis l'austérité chez les ascètes.
10. Connais-moi, fils de Prthâ comme la semence éternelle de tous les êtres. Je suis le jugement chez qui est capable de juger, la vaillance des vaillants….

HINDOUISME  - LA BHAGAVAD GITA - CHANT VII
   Traduction du sanscrit: Jean- Michel Peterfalvi

20 février 2006

2000 ...déjà Septembre

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner

Déjà Septembre,

J'ai écrit pour toi, avec toi, Nad.
Je t'aime tant, princesse.
La vie est belle pour nous, la vie est belle en nous ! Nous partageons, effectivement, un trésor sacré aujourd'hui.
Et puis laissons les incrédules, les détracteurs, nous regarder du coin de l'oeil : nous sommes d'un autre monde, des fous qui sait ?

Peut-être : Mais, pourtant, nous avons les pieds bien sur terre, et nos têtes sur les épaules !
Désormais, nos cœurs sont unis dans une étoile et cela nous appartient.
Nous n'avons pas choisi,  parmi nos longues lectures,  entre Jésus, Yahvé, Vishnu ou Bouddha, entre la Bible, le Coran, ou…
Tous les chemins mènent à la lumière quand les pèlerins la cherchent, et ne cherchent qu'elle, pour  y entrer discrètement.

Cette quête est tout sauf tapageuse, elle ne peut pas être hurleuse et agressive, rugissante et belliqueuse, elle est mystérieuse, intime  et solitaire .
Voilà, nous avons admis que la sagesse, la nôtre, était de laisser de côté la morale, les dogmes, les commandements ou les jugements des hommes, et nous refusons la souffrance qu'ils ajoutent souvent à notre condition humaine par des préceptes sans fondement ou hypocrites.
Nous avons décidé de passer outre aux remarques désagréables, décidé d'ignorer les regards indiscrets, ou accusateurs, les propos stupides ou malveillants, la bêtise par ignorance.
Nous avons décidé de vivre en harmonie avec nous-mêmes et non avec des doctrines qui sortent d'esprits étriqués et peu avertis, parfois.
Nous avons réglé nos comptes avec notre histoire, nous ne craignons plus de critiques ici bas, au contraire, nous les entendrons pour ce qu'elles valent.
Notre morale à nous porte un nom : Amour.
Nous avons le sourire souvent, et ça dérange quelques âmes bien nées, peu importe.
Nous sommes guidés et marchons dans la joie.
Notre joie nous appartient.

Nous ne sommes pas dangereux, c’est évident.
Nous avons décidé de nous hisser au-dessus des hommes pour porter cet Amour-là, et c'est nous qui avons raison.

Nous avons déjà longuement marché, pour cela…..

textes annexés :

Il y a un temps pour tout, il y a un moment pour chaque chose sous les cieux :
Il y a un temps pour naître, et un temps pour mourir ;
Un temps pour planter, et un temps pour arracher le plant ;
Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ;
Un temps pour démolir, et un temps pour bâtir ;
Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ;
Un temps pour gémir, et un temps pour danser ;
Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour les ramasser ;
Un temps pour embrasser, et un temps pour s'abstenir ;
Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ;
Un temps pour garder, et un temps pour jeter ;
Un temps pour déchirer, et un temps pour recoudre ;
Un temps pour se taire, et un temps pour parler ;
Un temps pour aimer, et un temps pour haïr ;
Un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.

La Bible.     Ecclésiaste 3

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20 février 2006

2000

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

2000

J’ai donc repris ma plume, mes carnets, mes notes, et il me faut trancrire en mots cet Amour-là, et  parler de cette quête de lumière.
Elle éclaire, elle éclairera éternellement les êtres comme nous. Je décide d'écrire pour tous ceux qui, comme Nad et moi avons douté, ont cherché ou cherchent encore la voie d’un autre monde, loin des mystifications qui règlementent aujourd’hui la planète.

Notre salut, à nous les chercheurs d’étoiles, ne se trouve pas dans le palpable,  la possession de biens d'aucune sorte, de pouvoirs quels qu'ils soient, mais pas , non plus, dans des renoncements dictés, par des dogmes imposés et cruels, cela ne fait plus aucun doute pour moi. Ce  ne sont que sources de peines, de douleurs supplémentaires .

Ma plus belle revanche, c'est aujourd'hui que je la prends, revanche sur moi-même qui me détruisais un peu plus chaque jour.
Revanche sur un monde d'incompréhension et de faux jugements.
Revanche sur un univers de misère intérieure, dans lequel j'avais mis mes pas dès l'enfance, et dont je ne pouvais plus sortir, comme si je ne m'étais autorisé qu'à cela : l’échec, l’abandon, le sombre parcours. Un monde obscur qui me happait et m'étouffait, dès que le doute s'emparait de moi parce que je croyais n’être pas né du bon côté de la rive, du côté des gens bien !
Revanche sur une prison volontaire, un piège entretenu par mon manque de confiance,  manque de volonté d’assumer MON histoire, d’accepter MON parcours, et par le rôle que je m’ imposais de jouer dans la vaste comédie, pour donner le change, dissimulant les armes que j'avais choisies pour faire illusion. Valeureuse était, le pensais-je,  ma secrète bataille, mais mauvaises étaient les armes ; je respire à nouveau.

L'argent, le luxe, la bringue, les drogues ne pouvaient pas m'aider, tout cela n'était qu'un masque posé sur le visage d’acteur qui n'osait plus, progressivement, se regarder dans un  miroir... parce qu’il savait bien qu’il trahissait le vrai personnage.

Au bord du gouffre, face à moi, un petit carnet dans les mains, un soir j’ai décidé d’arrêter de mentir, de  tricher. J'ai sombré alors, certes, mais pour refaire surface, libéré du mensonge que je cultivais dans cette guerre constante contre moi-même, jusqu'au délire et l'insupportable ! Ce n'était pas nécessairement ce que j'attendais d'ailleurs...quand on saute dans le vide, on ne décide plus !

Le salut est ailleurs…
Une flamme intérieure est en nous, qui nous réchauffe et nous rassure, qu'il faut aller chercher, à laquelle il faut laisser le soin de  nous éclairer, nous guider, sans l'étouffer.
Un feu qu'il faut aller ranimer dans le tréfonds de l'âme , au prix d'un effort terrible quelquefois, vraiment ! On l'avait perdu de vue depuis trop longtemps .
Le salut n'est donc pas matériel. Il relève de l'esprit et d'une force invisible, celle qui fait qu’en un instant tout bascule …
Chacun  traduira comme il le voudra ce que je viens de dire là. Je ne saurais mettre des mots sur l'invisible.

L'Amour, la flamme, le feu dont je veux parler se trouve au fond de chaque être, c'est certain. L’étincelle jaillit à la naissance et ne nous quitte plus. Il nous suffit de garder notre âme d’enfant, et ne pas nous laisser embarquer sur des vaisseaux qui nous éloignent de notre propre route.Cette lumière, alors, est une révélation qui nous indique où se trouve la voie de  notre impossible rêve, celui qui porte nos pas.
C'est une force incomparable et inexplicable, un morceau d'étoile, c'est le souffle de vie.
Cet Amour là est plus fort que tout, il est le guide, il est énorme et dépasse la frontière de nos images physiques et mentales.
Il vivait avant moi, et il me survivra. Je ne peux pas décrire ce qui me dépasse, je ne peux que m'y fondre dans le silence .
Cet Amour là enseigne l'émerveillement et la compassion, il est une richesse inestimable qui ne se vend ni ne s’achète, il se mérite.
Cet Amour-là nous libère des contingences, et nous instruit, nous fait concevoir notre condition humaine dans sa fragilité comme dans sa possible puissance, quand nous ne combattons plus des chimères.
Il est la réconciliation entre notre propre histoire et l'histoire de toute l'humanité. Il donne toutes les audaces, parce qu'il porte en lui la réponse à toutes les questions, à tous les problèmes ; il nourrit de la vraie nourriture. Il nous fait vivre heureux ici et  maintenant, et confiant pour demain. Il nous fait vivre l'instant présent comme un cadeau, toujours. Cet Amour là est si loin de ce que j'avais dû apprendre par intoxications successives, et admettre sans me défendre…Cet Amour-là n’a pas de catéchisme, il est en nous.
Il me fait vibrer, moi, désormais, à l’unisson du monde qui m'entoure ;  je le reconnais dans les couleurs du ciel, dans la courbure des collines,  dans le chant de l'oiseau, dans un sourire, dans une rencontre, un frôlement de branche, une caresse, une main serrée, un échange de regard, une parole affable, une larme qui coule, une rose qui s'ouvre…

Je ne vis plus dans l'univers où je vivais hier, mais bien des semblables s'y trouvent toujours, s'y débattant, les uns fragiles malgré leur feinte assurance, et d'autres démunis devant l'adversité.

Aujourd’hui, je les regarde avec des yeux nouveaux.

Quelques-uns, je les rencontre, sont fiers de leur toute puissance et se disent inébranlables. Ils ont trouvé des palliatifs miracle à leurs craintes, à leurs doutes, à leurs tourments. Grand bien leur fasse de penser de la sorte et se croire invincibles. Combien d'êtres rehaussent d'artifices leurs existences, jusqu'au jour du grand compte : on ne peut pas faire l'impasse sur ce rendez-vous, sur la vraie énigme qu'est est notre réelle identité, avant de disparaître. Que laisserons-nous de nous? Quel mystère emporterons-nous ?

Je croise aussi ceux qui pleurent de ne rien posséder, et ceux qui se désolent d'avoir tout perdu.
Je comprends leur peine, et je ne les blame pas de sourire de mes paroles quand je leur dis que, pourtant, c'est en eux qu'ils ont la plus belle richesse .
Ils prétendent, pour se rassurer, ou pour s'excuser de leur désarroi, que j'ai perdu tout sens de la dure réalité de la vie ; que ma vision du monde est belle par sa touchante candeur, mais que je vis aujourd’hui dans un monde parallèle, moi !

Le petit brin d'ironie qui accompagne leur sourire ne me dérange pas, je sais que ce qui nous sépare, ce n'est que du temps, il m’en a fallu à moi aussi…
Je ne peux malheureusement pas les convaincre que je suis, désormais, libéré de leurs souffrances.
Je ne suis plus attaché aux mêmes biens qu'eux, je suis attaché au vent qui me porte, et à l'esprit qui m'anime, je suis décidé à changer de vie, à changer la vie…

C'est aujourd'hui le seul problème que je doive affronter, d'ailleurs. J'ai changé, mais ceux qui m'entourent, eux, n'ont pas nécessairement avancé avec moi, n'ont pas modifié leur regard, ni sur moi, ni sur eux. La distance qui nous sépare devient alors, parfois, un vrai handicap pour eux, mais pas pour moi ! Ils ne me reconnaissent plus, quand moi je ne les connais que mieux.
Fasse le ciel qu'ils viennent m'y rejoindre, dans ce monde nouveau ; tout y est plus facile, plus paisible.
Je n'y possède rien et tout m'appartient, parce que tout est en moi. Je vis l'instant présent dans sa plénitude, sachant que chaque instant est pour moi une occasion d'apprendre des autres et du monde qui m'entoure, chaque instant me permet d'agir, de bouger, d'écouter, d'attendre, de patienter et de grandir… chaque instant me permet de donner aussi, si je le peux, c'est ainsi.
Qu'ils se rassurent pourtant, les sceptiques !
Je continue de goûter les bienfaits de la terre, avec plus de délice encore. Mais je ne crains plus la vie, pas plus que la mort : elle, je sais déjà ce que je dois penser de sa toute-puissance, tout comme de son prochain rendez-vous, j'ai commencé les comptes.
Ne courant plus après les plaisirs que je voulais prendre par revanche, je connais le plaisir.
Mon corps est apaisé, mon cœur est grand ouvert.

Demain est un autre jour, qui ne me fait plus peur.
En moi est la source du savoir. Il me sufffit d'aimer la vie, d'aimer ma vie, il me suffit d'aimer. Voilà un mot savant, AIMER !!!!

Je n'ai pas à taire ce bonheur là. Je dois le partager.

19 février 2006

chapitre V.....mai 1999 ...

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner

CHAPITRE V

REDEVENIR   L'ENFANT

"Il est aisé de se faire du mal, de se causer du tort, mais il est difficile d'accomplir ce qui est salutaire et bon !"

Les fleurs de Bouddha.(dhammapada: stance n°163)

Mai 1999

J'ai tutoyé la mort.

J'ai approché sa saveur, je cherchais sans doute en elle la délivrance, ma dernière échappatoire.
Je me trompais !
Elle, la mort, la grande faucheuse, ne m'attendait pas là.

Je me réveille  d'un coma, je sors d’un très mauvais film, je viens de renaître au monde des vivants. Je reprends peu à peu conscience et….dans un trait de lumière, assise sur le bord du lit de l'hôpital où j'ai été accueilli, Nad est là….

Cela fait des heures qu'elle m'attend, le regard fixé sur mes yeux, mes mains, mes lèvres.
Dès qu'elle l'a pu, Nad a confié les destinées de sa maison et de sa famille à Yann et, patiemment depuis, a guetté  ici l'instant de mon retour.
Ma mère, qui l'avait aussitôt prévenue de mon hospitalisation, n’avait plus la force de faire le voyage pour l’accompagner.

Dès lors, mes forces  revenant, et mon esprit apaisé, mes yeux s'ouvrent, et d'un regard démesurément grand,  vont se perdre au fond des siens. J'embrasse d'un seul coup tout l'amour de la terre, je comprends ce que j'ai laissé définitivement derrière moi, je découvre ce que je vais aller cueillir, demain.
Je sais ce que je vais partager aussi, après cette "petite mort" ; en moi , comme une vague déferle, qui me porte vers la vie, vers la suite du voyage.
J’ai tellement cru qu’il n’y avait plus de lendemain possible…

J'ai troqué, tout en bloc, mes souffrances, mes illusions, mes vanités, mon égoïsme, mes faux espoirs, mes ressentiments, ma faiblesse, mes lâchetés, mes mensonges, contre ce jaillissement d’une source claire,  la lucidité et la simplicité de l'enfant toutes deux retrouvées ; je recommence l’histoire, et je le sais maintenant, j'ai encore un beau bout de chemin à faire ici-bas.

Je devine, dans ton regard, Nad, la victoire secrète que tu savoures en cet instant, discrètement. Tu m’as si souvent dit que la vie était faite d’instants magiques qu' il fallait savoir comptabiliser ! Celui-ci en est un , énorme, fabuleusement énorme…qui pèsera lourd, très lourd dans la balance du bonheur

Nous n'avons pas besoin de parler, tout est dit dans ce silence de paix,  union invisible et ardente.

18 février 2006

avril 1999...le carnet

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

J'ouvre le précieux colis.

Tempête sous un crâne : voilà qu'une tranche de mon passé ressurgit entre mes mains tremblantes, agitées de secousses nerveuses dont je n'ai plus la maîtrise, à cette heure de  la journée où le manque commence à me torturer. 

Les larmes me montent aux yeux à l'évocation de tous ces souvenirs, délicieuses larmes. Je suis encore capable d'émotion ! Je suis encore sensible à cette chose insignifiante que je triture gauchement.

Je suis apte à mettre des mots, des sensations, des sentiments sur cet objet qui ne serait rien d'autre que du papier sans cette mémoire qui soudain me bouscule, me donne le vertige.

Le carnet, la jeunesse, Nad, et ce pacte à la fois naïf et magnifique de sincérité.

Si je pouvais effacer le temps, revenir en arrière.

Je feuillette les pages que les années ont défraîchies et sur lesquelles l'encre pâle me ramène loin, naguère, à l'époque de ces stylos aux quatre couleurs qui nous étaient offerts pour Noël. J'avais choisi d'écrire les poèmes en vert, je ne manquais pas d'humour à cet âge là, j'en souris encore. En rouge, les premières émotions d'adolescent, couleur des pommettes des filles. En bleu, les histoires simples de la famille, et en noir, mon père…mon histoire avec mon père.
Quel cadeau, Nad, quel cadeau !
En relisant ces pages, je me fais peine à voir.

Le garçon qui a écrit tout ceci n'aurait pas supporté de me voir  dans l’état où je suis aujourd’hui.

Extraits :

Encre noire

10 juin 1967

…mon père a encore trop bu. J'ai honte de lui. Tous ces vieux cons qui le font boire, alors qu'ils savent bien qu'il ne faut pas, me dégoûtent.
Un jour, je vais aller leur casser la gueule, et leur dire que ma mère pleure souvent, trop souvent.
La vie m'écoeure, le quartier s'en fout. Ce soir, ils m'ont tous regardé en se marrant en coin, ils ont des têtes d'assassins. Ils assassinent ma jeunesse, ils se moquent bien de nous, ces bourgeois. Un jour, je prendrai ma revanche et….

Je me souviens, je me souviens de cette colère, de cette rage !
J'ai mal dans l'âme…

Encre verte

11 juillet 1968

Départ,

Douce brume du soir
Emporte - moi dans les ténèbres
Entends mon désespoir
Et la chanson d'amour funèbre.

Celle que je chéris
A pris la route du grand large
Terré dans mon abri
J'ai rendez-vous avec les barges.

Comme ma belle,aussi,
Ces grands échassiers se promènent
Mais, elle, loin d'ici
Se joue de moi et de ma peine

Angela, j'étais l’amoureux transi d’ANGELA. Où est-elle aujourd'hui ?

Je revois ses yeux noirs, sa peau brune et son sourire, aussi troublant que sa première caresse. Je me souviens de ses doigts sur mes lèvres, et de son souffle sur mes joues…les yeux fermés, je me souviens encore…

Elle était trop belle pour moi, pour nous…
Ma famille, à moi, me faisait honte, et nous n’étions pas du même monde …et puis il y avait Nad, ma grande copine, ma complice, mon compagnon de misère…
Angela ne savait rien de tout cela…Angela ne se posait pas de questions, elle vivait, …elle réussissait tout ce qu'elle entreprenait. Elle était insousciante et joyeuse, elle ne manquait de rien.
Elle montait à cheval et j'allais la regarder exécuter ses voltes, demi-voltes et sauts d'obstacles dans ce manège un peu en retrait de la ville, notre lieu secret de rencontre…
Elle me laissait l'aider à bouchonner l'animal après sa leçon d'équitation, …puis nous partions main dans la main, pour sauter ensemble par dessus le ruisseau. Après une course joyeuse, nous nous allongions l'un près de l'autre dans le haut d'un grand pré ; …et nous regardions les nuages emporter nos pensées secrètes, emporter nos rêves…

Je l'ai laissée partir, Angela, sortir de ma vie.
Je n'ai pas osé lui raconter, je n'ai pas voulu souffrir, pas même voulu tenter de…

Je referme le carnet, je souffre trop : que suis-je devenu !!
Ce monde n'a pas besoin de types comme moi.

Nad, c'est trop dur. Pardonne-moi, je n'ai pas la force….Je ne gagnerai pas ma bataille.
Je crois que je vais me dérober. 

17 février 2006

avril 1999 ...un colis

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

Avril 1999

Un petit colis !
A l'intérieur, une carte rapidement rédigée.
Nad prépare son déménagement : Ar Bod est vendu.

Mon Do chéri,

Je suis submergée de travail.
Je t'écrirai plus longuement dans quelques semaines. Mais juge plûtot. Il n'y a pas vraiment de hasard dans la vie. Je viens de retrouver, en mettant mes souvenirs personnels en carton, ce petit "carnet intime" malheureusement bien jauni, que je te rends. T'en souviens-tu ?
Nous nous étions promis, (cela ne date pas d'hier, n'est-ce pas !), une amitié fidèle, à la vie à la mort. Et, pour sceller ce pacte, un jour, solennellement nous avions échangé ce qui nous paraissait être, alors, un trésor auquel nous étions particulièrement attachés. D'autres se seraient peut-être fait tatouer? Ou que sais-je encore ?
Je ne te le renvoie pas pour briser le lien qui m’unit à toi, mais au contraire pour te rappeler ta promesse, pour te rappeler ce vœu que nous avions fait de ne jamais nous lâcher la main, et surtout  de ne jamais abandonner nos batailles respectives.
C'est ainsi que tu dois être encore propriétaire d'un petit carnet scolaire appartenant à mon père, souvenir de ses premières années de classe, objet fétiche qui ne quittait pas le tiroir de mon bureau jusqu'à ce que je te le confie.
Te rappelles-tu cet échange ?
Dis-moi, as-tu continué à écrire ?
Tu as la chance de savoir t'exprimer aisément, et le pouvoir, grâce à ta plume, de dialoguer avec toi-même.
Je sais que tu vis des moments sûrement très pénibles, un épisode de ta vie où tu dois être pétri de doute et submergé par les angoisses de l'isolement. Surtout ne va pas croire que je te reproche ton silence, il t'est certainement salutaire, et en cela respectable.
Tu as la grande gentillesse de ne pas oublier ta bonne mère qui me donne d'évasives nouvelles de toi, de temps en temps. Elle faiblit, et je sais que les quelques signes de vie que tu lui donnes suffisent à combler ses attentes. Elle a toujours été ainsi, heureuse d'un rien.
Je te donnerai plus tard les détails de la vente de notre maison, de notre déménagement, de notre nouvelle installation.
Prends soin de toi en attendant, je t'en prie.

Tendresse, Nad.

Quel bouleversement, autour de si peu de chose !

Un envoi que j'ai laissé presque quinze jours en souffrance au bureau de poste du quartier, tant mon existence m'insupporte, tant je traîne lamentablement ma carcasse. Me présenter à un guichet relève de l'exploit. Je sauve à grand peine les apparences auprès de mes collègues et de la clientèle, désormais. Je les sens dubitatifs, cependant. Ils ne me voient jamais m'écrouler sur la table après un moment de bonne « java », comme cela leur arrive, à eux, parfois, je le sais. C'est plus grave que cela, dans le fond, pour moi. Et, embarrassés, ils me demandent souvent « ça va ? t’es sûr ? viens avec nous… »

Ils s'interrogent sur mon état de santé, sûrement, sur mon isolement et les conséquences probables de mon déracinement, mais…ne font pas plus de commentaires.
Les autres, ils sont toujours gênés "d' en  parler"  …

16 février 2006

janvier 1999

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

JANVIER 1999

Je poursuis à grand peine mon parcours, aux prises avec la menace de l'anéantissement total. Je me raccroche de toutes mes forces à des images sublimes, perçant au travers des brumes qui envahissent presque continuellement mon esprit. Ces images puisent leurs sources dans les paroles lénifiantes de Nad et la fidélité dont elle m'assure. Je ne les mérite peut-être pas. Elle m'accorde un regard trop généreux, sa tendresse m'embarrasse, autant que sa conviction quand elle prétend attendre avec confiance de me revoir, et qu'elle dresse alors mon portrait sortant grandi de cette redoutable expérience,cette quête intérieure !
Ce n'est pas une quête, Nad, c'est une guerre ! Combien de fois ai-je prononcé cette phrase, isolé, enfermé dans le secret de ma désespérance: « tu ne comprends pas, Nad, tu ne peux pas comprendre, toi ! »
Pauvre Nad, elle ne voit pas quel recul j'ai fait.
Je sais que je ne dois pas la décevoir, que je n'en ai pas le droit, mais je n'en peux plus.

Dès lors, je m'enfonce un peu plus chaque jour dans ce gouffre qui m'attire, et m'appelle, et m'aspire, sans me laisser aucune chance désormais de trouver une branche ou une racine à laquelle accrocher ma survie, mon sauvetage. Je suis seul, ici, et le vertige me prend désormais à chaque instant, à chaque pas.
Je ne peux pas lui confier quel trouble, quel accablement accompagnent chacun de ses courriers, chacun de ses appels. Ce sont des bouées lancées à mon secours, certes, mais dans un océan de tortures. Chacun de ses mots me confronte à ma
déchéance et m'invite à sombrer davantage, la honte pesant de tout son poids à l'idée qu'elle puisse me voir, tombé si bas !

Comment peut-elle encore m'estimer, elle, quand je me fais horreur ?
A quoi bon survivre, si c'est pour souffrir encore davantage ?
Je traîne ma piteuse carcasse entre mon lieu de travail et le radeau qu'est devenu mon appartement.
J'y vis plus mal qu'un Robinson Crusoé, une mer opaque me séparant du reste de l'humanité. J'y passe des heures vides, moi, sur mon île, à attendre je ne sais quel paquebot, sans bouger ….
Et j'entends ce fou-rire de Nad, un matin de novembre, sur le seuil de ma porte.
Et  j'entends ce fou-rire, et j'entends ce fou-rire…
J'entends ce fou-rire et je sens encore ce malaise qui m'avait envahi, comme un enfant pris en flagrant délit de bêtise, de mensonge.
Ce matin là, je n'avais pas eu le choix, je n'avais pas eu le temps de composer, de calculer, de tricher. Nad avait joué la carte de la surprise, je n'avais pas eu d' arme contre cette spontanéité.
Depuis lors, j'ai réalisé que Nad n'avait pas eu la moindre réaction, le moindre froncement de sourcil, le moindre trouble devant ma dégaine, et le désordre autour de moi qui en disait long . Ce matin là, seulement ce rire !
C'est aussi pourquoi mon dégoût est si intense, ma peine est si profonde aujourd'hui. Nad savait donc, et depuis longtemps, peut-être depuis toujours, comment je tenais le coup.
Tenir le coup, y a t-il rien de plus faux que cette affirmation?
Elle ne m'a pas rejeté, pourquoi ne m'abandonne-t-elle pas, je ne suis qu' un raté, un paumé ?
Ce fou-rire perce mes tympans, résonne dans mon pauvre crâne, me rend fou de honte et de désolation.

Combien de fois Nad m'avait-elle parlé de celles et ceux qu'elle côtoyait, victimes de leurs dépendances, qui de l'alcool, qui de la drogue ?
Je ne savais plus ! Mais jamais elle ne m'avait attaqué de front sur ce sujet. Il faut dire que je lui avais toujours, jusqu'à ce matin fatal, donné une image plutôt respectable de ma chère personne, coupant cours à toute possibilité de discussion sur un terrain miné …

Depuis ce matin-là, je me perds en conjectures.
Depuis quand savait-elle ? Quand et comment avait-elle découvert l'autre face, celle que je croyais n'avoir jamais dévoilée, surtout pas, surtout pas à Nad.
Elle savait tout de ma vie, de mon passé, de mes amours, de mon chagrin; mais pas cela ! Je le lui avais caché (ou tenté de le faire).
Enfin !..comment ai-je pu être assez stupide pour croire au subterfuge, et à sa naïveté ?
Quelle était donc sa motivation à elle, quel sentiment l'animait réellement, qu'ai-je imaginé, quel est la part de vrai, quel est la part d'égarement, je ne sais plus où j'en suis, tout est trop embrouillé dans mon esprit, tout me fatigue trop, tout me plonge un peu plus dans le doute et la peur de la réalité. Il faut que je revienne en arrière, que je me souvienne, que je me rappelle les événements…
C'est à moi que j'ai toujours menti, mes ruses ne trompaient que moi-même.
Au fond, je le sais bien.
Je me ronge, je me détruis aujourd'hui, en revisitant les souvenirs de toutes mes échappatoires, de tous mes faux-fuyants.
Je m'abime, mais ne perds pas de vue ces paroles:    "j'ai la chance d'avoir encore des ressources mentales et intellectuelles" prononcées par Nad, pour m'expliquer sa force de lutter, sa volonté de vaincre, dans les combats qu'elle a livrés.
Je sais qu'il me reste encore un peu de ces forces-là, et que je dois les conserver coûte que coûte, si je ne veux pas me faire balayer, comme un déchet de la société.
Je marche sur un fil, triste funambule. Ma vie ne tient plus qu'à …moi, et je me fais horreur.

Je vis depuis longtemps dans un milieu pourri, je côtoie toutes sortes d'individus dans ces palaces où l'Histoire s'écrit pourtant, parfois. A quoi tient l'Histoire ?
J'y rencontre de modestes piliers de bar, des citoyens honnêtes, mais aussi des avocats véreux, des médecins indélicats, des hommes d'affaires sans scrupules pour certains, des femmes sans vertu, des hommes politiques dont la cote de popularité souffrirait fort de quelque indiscrétion.

Aussi, il n'est pas rare qu'une petite liasse passe de main en main, discrètement, avec des regards entendus.

Notre silence, gens de la branche, à ce niveau là est indispensable et il vaut cher, très cher.
Il se négocie à n'importe quel prix, quelquefois ; et, ma peau, que vaut-elle, et ma dignité…? Ai-je toujours le choix ?
A quoi me servent ces petites « gratifications », si ce n’est à me corrompre et à pourrir un peu plus ma vie ?
Je suis devenu un autre moi-même, dont je ne me glorifie pas, dont j'ai le dégoût.
Je croyais tout acheter, tout refaire, et prendre ma revanche.
Quelle revanche, en effet !

« Je suis né dans le ruisseau… », la faute à qui ? le méritai-je ?

J'y  retourne, lentement, au ruisseau, et même en dessous…. Et je perds tout, même l’espoir, triste prince déchu.

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les histoires de géraldine
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