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les histoires de géraldine
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16 juin 2005

Nad ...1987

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

FEVRIER 1987

Il lui a bien fallu accepter cette mort d’une histoire, et survivre. Nad ne s’en croyait pas capable et, de toute son énergie, avait repoussé l’échéance.Mais, lutte-t-on contre la mort, contre la fin d’une histoire ou d’une vie ?
Le combat est perdu d’avance.

C’est ainsi..
Mariée très jeune, Nad avait  compris très tôt qu’elle devrait se battre contre l’échec qui menaçait. Quinze ans de vie de couple viennent de se refermer sur un deuil inconfortable, qui l'a laissée anéantie de chagrin, de regrets, parce que c’est un deuil vivant. Une sorte de culpabilité la ronge pour n’avoir pas touvé ce qui devait, à ses yeux, pouvoir soigner, et guérir la maladie pernicieuse qui fait que deux êtres se perdent comme çà, tout seuls, par leur incapacité à se construire ensemble, malgré ce qui paraîssait les unir.
Un deuil d’amour, c'est fou ce que cela peut-être lourd à porter, quelles qu’en soient les circonstances d’ailleurs !

Pourtant, pour être tout à fait juste, Nad éprouve aussi un véritable soulagement, maintenant, après la violence parfois et les humiliations souvent, tout ce qu’elle avait dû longtemps cacher parce qu’elle espérait encore ou parce qu’elle avait honte, ou par découragement…( la violence, oui, elle l' avait cachée ; surtout la violence, qui dégrade les êtres et en fait peu à peu des robots prisonniers de leur silence et de l’acceptation…)

Dans le même temps, elle découvre une certaine frayeur à l’idée que peut-être ce gâchis lui sera fatal. Elle voit son avenir rétréci, enfermé dans des souvenirs mêlant tout à la fois bonheurs et souffrances, espérances et détresses, sur un espace de temps qui lui a paru une éternité alors, et elle se sent vieille, tout à coup.

Une évidente responsabilité s’impose à elle pourtant: il faut assumer cette nouvelle situation, chasser le doute de son esprit, et relever la tête, pour l’amour des deux bambins qu’elle a mis au monde.
Elle se dit qu’ils en ont assez vu et entendu, déjà, pour se faire une piètre opinion de ces adultes insensés qui ne savent pas toujours le mal qu’ils font aussi aux enfants.
Pendant longtemps, Nad s’est sentie fautive envers eux de ne pouvoir rien faire sinon que  les protéger le mieux possible, sur un radeau à la dérive. Elle sait qu’elle devra leur faire comprendre un jour.

D’ici là, comme pour conjurer l'incertitude du lendemain et s'apaiser elle-même, elle s'est persuadée qu’elle ne devra plus les perdre de vue. Convaincue qu’elle devra leur accorder beaucoup de temps, leur offrir une vie saine de tendresse et de partage, être une mère disponible et apaisée, elle doit se recomposer maintenant pour être à la hauteur, se montrer rassurante.
Il lui faudra essayer d'oublier l' "avant" et construire l' "après", se reconstruire.
Oublier, et trouver d’autres richesses en elle et autour d’elle : regarder la vie avec d’autres yeux, mieux avertis.
Regarder les êtres qui l'entourent, écouter le monde qui n'a pas arrêté sa course, un spectacle riche et qu’elle ne voyait plus très clairement depuis années.

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