ATTAC* 18

Jeudi 31 Juillet 03

12096.10² secondes avant le retour, depuis ce main à 00h00.

Nous voici à la fin du mois de Juillet, et si tous les calculs sont bons, nous avons fait plus de la moitié du voyage en temps d'humains.

Pour ce qui me concerne, les durées ne correspondent plus à grand chose, depuis que j'ai retrouvé ma liberté. Non que je n'apprécie plus la durée des jours ou des nuits, mais il est vrai que cela ne me paraît plus être l'élément principal, alors qu'en «captivité», j'ai parfois eu l'impression que seul le temps comptait…

V., j'ai senti une sorte de variation dans l'intensité de tes envois, et cela depuis un ou deux jours, et cette baisse de régime m'avait un peu surpris.

Il m'a fallu alors faire appel à mes ondes mémoires pour me souvenir que tu approchais d'un moment important, mais pour d'autres réseaux d'ondes qui n'ont rien à voir avec ma mission. Je comprends donc ce que signifie cette légère réduction d'intensité, et je vais prendre soin d'une part de compenser auprès de ton complice afin qu'il ne se ressente pas de cette période, et d'autre part de me montrer plus proche de toi afin de te soutenir un peu.

Bien sûr, chacun de vous deux, les complices, avez vos propres réseaux hors-circuit à gérer, et ceci a évidemment quelque influence sur l'état de vos échanges. Je suis le bisou neutralisant, celui qui absorbe et efface les mauvaises ondes, les ondes qui perturbent. Je t'ai parfois fait état de ces perturbations concernant P., aujourd'hui c'est à ton tour de compter sur mon efficacité.

Vous, les humains, me faites bien sûr penser parfois à ce vaste champ magnétique…et à ses zones de perturbations, ses zones sombres, ses trous noirs. Oui, il m'arrive de penser à la théorie du trou noir au milieu des galaxies, et à son pouvoir…mais ce n'est pas bien le jour pour t'en parler.

Un jour, plus tard, je te dirai pourquoi je pense que vous fonctionnez comme des micro-galaxies.

Pour le moment, il est préférable de parler des milliards d'étoiles qui gravitent autour de moi, le bisou, et qui illuminent les yeux et les cœurs dès que je réussis correctement ma mission. Il est préférable que je te dise que, bien que tu aies pris un peu de distance avec nous, tout ici fonctionne pour le mieux. Tu avais pris soin de prévoir des ondes de secours en prévision de ces baisses de régime, et tu vois, ça fonctionne.

Ton complice est en bonne forme.

Il m'arrive de considérer que lorsque nous nous trouverons tous les trois, homme, femme, bisou, comme j'espère bien que cela arrivera bientôt, nous réussirons parfois à mettre le feu, à jouer aux artificiers, tant vos mélanges d'ondes ont parfois de la puissance alors que les distances sont là pour amoindrir leurs effets.

C'est même ce qui me fait croire, alors, que vous jouez avec moi , de loin, parce que vous craignez le souffle que peut provoquer une explosion d'ondes rapprochées…si nous jouions ensemble, et de près, et en vrai, et en synchronisé, maintenant, qu'adviendrait-il ?

Mais, tout cela, c'est de la réflexion de bisou qui aime assez bien se brûler les doigts avec les allumettes. Peut-être ai-je un peu tendance à prendre mes propres désirs pour des réalités, pour votre réalité, pour vos désirs.

Je deviens tellement votre intime trait d'union que je m'enflamme un peu.

Il est vrai, comme j'ai déjà pu le constater, que vous avez la capacité de contrôle que les humains presque sages commencent à avoir, et mon feu d'artifice pourrait bien se transformer plutôt en un beau moment de lumière, sans bruit inutile, juste pour éclairer la route encore un peu plus loin, pour les pas suivants…c'est vrai que vous êtes patients.

V., demain tu seras à la fois loin et près de nous, je le sais…tout comme je sais que ce jour sonnera comme un début de soulagement…Août, on approche de la fin de l'attente.

Je vais tout faire pour que des ondes douces te parviennent d'ici, tout faire…