printemps 1993 ...
vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005 : "écrire pour témoigner"
MAI 1993
Soeurette s’est effondrée.
Nad charge des bagages dans le coffre de sa voiture, les jouets préférés de Glenn, et le petit cheval à roulettes de Yoran, et elle prend la route avec ses deux bambins.
Elle part pour quinze jours…
Quinze jours devant elle, pour sortir Soeurette de ses torpeurs d’enfance revenues à la surface, à grands flots .
Quinze jours pour tout réapprendre, quinze jours pour la convaincre de reprendre sa vie en main, et ses enfants en charge.
Soeurette a basculé dans le passé, Soeurette regarde ses enfants sans trop réagir et croule sous la pagaille de la maison, malgré les aides qui lui sont apportées régulièrement par les personnels des services sociaux . Soeurette fait , à son tour, des « crises de nerfs », comme le disent ses enfants. Soeurette reproduit, elle lui fait mal.
Nad s'investit de toute son âme , pendant ce court séjour, pour apaiser la douleur et ramener un peu de sérénité dans cette maison où la tristesse règne en maîtresse ... mais pour combien de temps?
JUIN 1993
Soeurette décide de vendre cette longère qui est un trop gros vaisseau pour elle, seule aux commandes. Jamais elle ne pourra aménager ce terrain, assumer les finitions de la maison, et...elle le sait, elle va devoir chercher un emploi.
Elle décide alors de venir s’installer tout près de chez Nad et commence , dès lors, à organiser une nouvelle vie.
Nad , elle, a retrouvé des forces, et s’occupe des enfants, tous, quand sa Soeurette en a besoin. Elle construit un nouveau monde dans sa demeure, un monde de solidarité, un monde d’amour.
Elle compense, Nad ; elle compense.
Nad est inquiète, pourtant...
Depuis le décès d’Yvon, Yann a changé. Son compagnon a perdu son goût de vivre , perdu son enthousiasme. Sa gaieté habituelle semble s'effacer derrière un regard parfois vide ou très lointain, un front soucieux, et des mots d'amertume et de lassitude. Il faut souvent le bousculer pour lui faire croire à demain. Il est persuadé qu’il ne vivra pas longtemps non plus, qu’il est déjà vieux, il s'inquiète à la pensée qu'il ne verra peut-être pas grandir ses enfants…
Cette mort injuste lui a fait mettre un genou à terre, lui qui était si combattif, et semblait invulnérable....la mort est toujours difficile à admettre, et celle - là , qui aurait dû être évitée , est insupportable ! En tous les cas, pour un long moment, sans doute ...