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les histoires de géraldine
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29 janvier 2006

1996..."les pingouins des îles"...

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

Marine et Gilles ont traversé des moments difficiles, eux aussi. Les mers bleues et le sable chaud deviennent parfois des artifices, le trouble intérieur se transporte et partout il est là. Au détour d’un chemin la bête rampante surgit, les années folles se brisent, les vagues apportent du désespoir et l’histoire s’abime.

Lorsque Marine a eu à son tour de sévères problèmes de santé, Gilles a su ressortir du fond de ses malles une clé enfouie, depuis des années, la clé des portes du coeur, celle de sa complicité avec Nad, celle de l’enfance, de la jeunesse.
Elle a été très heureuse, alors, de pouvoir lui apporter, avec Yann, le réconfort dont il avait besoin, même de très loin, par de simples coups de téléphone à La Martinique, où Marine avait été transportée en urgence. A distance, ils entouraient de leur affection son « petit pingouin » malade et rassuraient Gilles.
Ensemble, ils préparaient le retour en France de Marine pour poursuivre les traitements dont elle avait besoin.
L' attachement vrai, lui, ne connaît ni horloge ni distance . C’est pourquoi Gilles et sa sœur Nad ont si vite gommé le temps et retrouvé les connivences d’entan et le bonheur de partager.
Nad m’a souvent dit plaindre les êtres qui ne connaissent pas ce bonheur secret : d’être là pour quelqu’un ou quelque chose, de savoir que l’on n’est rien tout seul, si grand, si riche, si brillant soit-on ou se suppose t-on être, d’être conscient que l’on n’est que le maillon d’une grande chaîne qui traverse les âges et qui n’a qu’une fin : l’inaccessible étoile.
Est-ce de cette étoile que Brel parlait quand il chantait sa quête? Nad le suppose. Une lumière, invisible, impalpable, mais présente au coeur…

Nad a aimé voyager aussi, et sa mémoire garde le souvenir de bien des univers dont quelques-uns l’ont fortement impressionnée, et dont elle m'a volontiers fait partager des descriptions passionnées, au retour. Je me souviens particulièrement de son périple en Roumanie, dans les années de dictature Ceausescu. Sa révolte était sincère.
Mais il lui semble qu’apprendre à se connaître soi-même est un voyage qui vaut plus que les milliers de kilomètres que l’on peut parcourir sur terre. Car, le coeur sec et les yeux dans les poches, pour ne rien voir et ne rien apprendre, les touristes ne sont parfois que simples visiteurs à la recherche d’un bonheur de cartes postales. C'est en tous les cas ce que souvent elle affirme, en feuilletant certains magazines incitant au dépaysement.
Le grand voyage, au plus profond de soi, celui-là ne peut se faire sans amour, dit-elle, et il faut vouloir se regarder et savoir s’aimer bien d'abord, pour apprendre, pour comprendre et aimer les autres et la vie, pour choisir quoi et qui aimer.
Nad est simple, et ne croit qu’aux choses vraies, elle ne cherche plus que cela dans l'existence, l'authenticité. Chaque jour qui passe est une découverte de sa propre réalité et elle me dit qu’il faut s’accrocher à cette seule vérité pour résister…

Marine et Gilles ont eu l’occasion de venir de nombreuses fois à Ar Bod depuis la déclaration de la maladie de Marine.
Pendant deux étés, Gilles  encore en poste à l'étranger a organisé des séjours de jeunes Dominicais en France, et c’est chez Nad qu’ils étaient hébergés, pour partie, les autres étant pris en charge par des familles amies.Tous se retrouvaient à Ar Bod, en fin de journée.On passait des semaines couleur soleil. Les soirées sur la terrasse tous assemblés, les balades de découverte dans la région avec de la musique plein la tête, l’amitié chaleureuse, la fraternité gratuite, n'est-ce pas cela l'essence même de l’existence?
Gilles et Marine, maintenant rapprochés des racines, venaient plus facilement se confier, aussi.
Nad et Yann les aimaient tous les deux très fort et suivaient sans jugement leur parcours.
Cela semblait difficile pour eux de passer ce cap : un couple sans enfant, qui après plus d'une vingtaine d’années de jeunesse et d’aventures partagées, devait trouver le bon endroit, le bon moment pour poser les valises et se tendre les bras de nouveau.

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