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les histoires de géraldine
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10 février 2006

1997...

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

Yann, après avoir effectué plusieurs tentatives infructueuses, se retrouve de nouveau au chômage.
Cette situation, très critique pour l'équilibre de sa famille, Nad l'affronte avec une sorte de détachement. Elle a pris de la distance. C'est comme si désormais tout pouvait arriver, sans que rien ne réussisse à l'atteindre vraiment. Elle semble blindée, ou plutôt désabusée, je ne lui connais pas cette attitude. Nad déconcerte un peu Yann aussi, qu'elle estime trop attentiste et à qui elle en fait le reproche. Mais, malgré la situation, elle mène sa vie à elle, sans sourciller. Nad m'assure, sans relâche, que le meilleur remède c'est le regard que l'on veut bien poser ailleurs, et sur les autres, lorsque la vie nous malmène plutôt que sur son nombril. Elle ne comprend pas, ou feint de ne pas comprendre le désarroi de Yann, privé de travail et de reconnaissance sociale, découragé, replié sur lui-même.
Elle, elle continue de distribuer son temps, comme à l'accoutumée, entre les associations et les engagements auxquels elle est attachée, sa maison, ses enfants, et auprès de plus démunis qu'elle. Tu sais, me confie-t-elle, j'ai la chance inouie de pouvoir réagir mentalement, intellectuellement, et servir, c'est énorme ça !
Et elle vient me raconter la vie, sa vie, encore et encore …
C'est au cours de cette année-là que je vais réaliser à quel point Nad a rompu définitivement avec son passé : Soeurette, sa petite sœur qu'elle avait prise sous son aile dès l'enfance et accompagnée depuis dans la vie, lui fausse en effet soudainement compagnie, et ceci sans élégance aucune,  c'est le moins que je puisse dire.
Soeurette décide brutalement de repartir pour s'installer à quelques centaines de kilomètres de là. Les circonstances de son départ, mais surtout son foudroyant et inexplicable changement d'attitude à l'égard de Nad,(rejet que je qualifie alors de lamentable), ont, alors, indubitablement à mes yeux le goût de l'injustice ! C'est pour avoir été témoin des heures,  des nuits , des jours offerts par Nad à Jacqueline, sa Sœurette, depuis la plus tendre enfance, et puis ensuite  à ses enfants, pour les aider, les consoler, les soulager, que je réagis en pensant cela. Je l’ai toujours connue préoccupée du sort de Jacqueline, dont l’existence semblait accrochée à la sienne, depuis le départ de leur père.
Mais Nad, elle, aujourd’hui, n'en a que faire ! Elle encaisse les coups, esquive les plus durs, avec une résignation ou alors peut-être un détachement qui me semblent inconcevables.
Nad me rassure : « ne t’en fais pas pour moi! » et me fait comprendre que Jacqueline fuit à nouveau : un échec sentimental est en réalité derrière tout cela, et cette fuite n'est sûrement pas finie. Désormais, me tranquillise-t-elle, sa sœur ne fera plus route avec elle, parce que Soeurette, comme je l’avais baptisée lorsque nous étions enfants, en a décidé ainsi ; elle respecte son choix et cela n'a plus guère d'importance à ses yeux.
Nad lui a donné sans compter, et sa responsabilité s'arrête là. Le reste doit s'effacer derrière la décision de Soeurette. Bien sûr, il lui est pénible de penser que ses neveux devront attendre des années pour comprendre cette séparation brutale, Nad le reconnaît.
Mais leur complicité extrême fait partie de tout ce que Nad a déjà effacé de son esprit, et jamais plus nous ne reparlerons de la sœur de Nad, de son retour dans le giron de sa mère, de ses nouvelles dépressions dont j'aurais connaissance par la suite….Le passé est mort, l’histoire sans suite...

Nad mise sur son avenir et laisse le temps faire son œuvre.
Nad a appris à prendre de la distance. Elle marche tranquillement sur la route…

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