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les histoires de géraldine
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26 novembre 2005

AR BOD....le frère aîné

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

ET PUIS, IL Y A EU L’AINE…

Ce frère, « L’autre, qu’a marié la D…, une fille... », Nad l’a aujourd’hui rangé dans le tiroir des photos-souvenirs ; il n’a pas de carottes dans les cheveux comme aurait pu le dépeindre Jacques Brel, « chez ces gens-là ». Non, mais c’est de la vanité, partout de la vanité, jusqu’au bout des ongles !
C’est un homme admirable, d'un certain point de vue. Il a bâti sa vie, petit à petit, sur le seul principe que lorsque tout ne va pas bien, c’est inévitablement de la faute des autres. Il s ‘est frayé un chemin dans une administration , jouant des coudes et grimpant les échelons, avec une audace certaine .
Cet homme, si sûr de lui,  a fait une ascension sociale remarquable, évidemment, et semble capable de tout, pourvu que l’image qu’il donne de lui soit brillante. Il se croit tout permis parce qu'il est sûr de son bon droit en toutes circonstances, parce qu’il détient La Vérité, ce Monsieur !
C’est comme cela qu’il a décidé de se battre, lui, pour se faire une place d’honneur dans la société : en mystifiant tout le monde, en amassant, et amassant encore des titres, en écrasant de son mépris les « petites gens qui ne savent pas vivre au-dessus de leurs moyens »selon sa propre formule, courant sans cesse après l’argent pour tenir le haut du pavé, et détail notoire, ne perdant surtout pas de vue les héritages qu’il est le seul à savoir gérer...et pour cela il a un flair sans égal et un aplomb à vous couper le souffle !
Le frère aîné avait des idées sur tout, et vous donnait des conseils,toujours, puisqu’il était quelqu’un, lui !
Nad sait qu’il vit aujourd’hui une luxueuse existence près d’une femme aussi éprise que lui de grandeur et d’apparât.
« Chez ces gens-là, on ne parle pas, Monsieur... », On croit l’entendre chanter, Jacques Brel. On ne parle pas, on devise, on philosophe, on… littérature, on… cultive, on se cultive ! et on triche !
Et oui, Madame est passée, non sans mal, des romans-photos en noir et blanc à Malraux (hum, peut-être pas Malraux), sous les directives de Monsieur qui lui a choisi ses lectures, pour lui apprendre à parler, à réciter quelques belles tournures. Madame est belle, un bijou ! Surtout quand elle se tait. L’aîné lui a tout appris, et il en est fier. Comme il l’est de son fils, qui gagne bien sa vie, qui a de la prestance, qui gagne des « sommes gastronomiques » , comme dit Madame.
Le chéri ! Nad sourit au souvenir particulier de cette confusion faite par Madame, mais sent aujourd'hui encore son coeur qui grince quand on évoque ces gens là…..

***

Un jour, Soeurette et Nad ont eu envie, besoin même, de faire le point, d’échanger avec ce frère aîné après le décès d’Yvon : En effet, Monsieur le frère aîné, alors, avait montré un désir si vif de tout prendre en main, et le bébé de Soeurette, et les affaires de la petite famille...(  surtout les affaires d’ailleurs, on le comprend…les affaires l'intéressent.)
Madame et le frère aîné étaient venus à Ar Bod pour en discuter...
Mais la vie de frères et sœurs, c’est une longue histoire et, dès la première remarque qui le fit vaciller, dès la première vérité rétrospective qu’il lui fallut bien entendre et accepter, le frère aîné avait perdu pied. Furieux d’être ainsi déstabilisé, il avait du même coup changé de ton, et,  reprenant ses grands airs de cadre supérieur, qui d'ordinaire impressionnent, assura que tout ce qui pourrait être ajouté ne serait que balivernes, affabulations ; le ton avait alors monté progressivement.
Ces circonstances ont  fait rejaillir du passé les vieilles habitudes, et ressortir des défauts naturels. Hélas, le naturel ne revient-il pas au galop, parfois ?
Madame a , en effet, perdu le contrôle de son beau langage et de ses bonnes manières... Madame est redevenue vulgaire, petite ! L’évocation de  certains souvenirs bouscule, sans conteste. La scène fut pitoyable…
Pour la première fois  Nad montra le portail d'Ar Bod à quelqu’un, de façon directive, pour lui indiquer la sortie. Elle  pria son frère de quitter sa demeure sans autre forme de procès et de n’y plus remettre les pieds !
Elle avait mal, Nad, mais elle se défendait contre une partie d’elle-même et de sa souffrance, contre le mensonge et l’hypocrisie, contre un passé aujourd’hui révolu . Elle se rebiffait, et ajouterai-je : enfin !!

Nad saisit cet épisode pour établir de la distance avec son passé, reprendre ses marques,  pour guérir. 
Elle tuait des fantômes.

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