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les histoires de géraldine
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24 janvier 2006

1994 ...

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

1994

En Janvier de cette année, Laura a pris la décision de téléphoner à son père, afin de le rencontrer et  lui donner une chance encore ; Nad a accueilli cette nouvelle avec beaucoup de bonheur, d'autant plus que le rendez-vous avait été fixé à Ar Bod ! Cela faisait dix-huit années que la vie les avait séparés, Jacques et elle,  et Nad gardait au fond du cœur une réelle affection pour lui. Elle allait donc le revoir ...

Les retrouvailles étaient pour bientôt.
Nad se demandait , les années les ayant transformés tous les deux, s’il avait beaucoup vieilli, s’il la reconnaîtrait ?
Laura, de son côté,  brûlait d’impatience de voir son père arriver à Ar Bod. Son cousin Alanig , à cette occasion, allait faire la connaissance d'un parrain qu’il n’avait pas eu le temps de découvrir, qu'il ne connaissait pas .

JACQUES EST ARRIVE…

Oh ! Bien sûr, l’homme aux cheveux gris, la cinquantaine proche, au ventre rond, portant des lunettes à verres progressifs, n’était plus le jeune officier de marine fringant que Nad avait connu. Mais lorsque Jacques est entré chez elle, un frisson l’a parcourue quand il a demandé :
« Elle est là, la petite ? ».
C’était ainsi que Jacques la surnommait autrefois, et elle a reconnu son sourire.

Des années de silence se sont effacées, quand il l’a serrée dans ses bras.

Pendant plusieurs mois, Nad, Yann et Jacques se sont retrouvés entourés de leurs enfants, partageant les week-end, et leurs périodes de congés. Les deux hommes se sont rapidement estimés, et au fil des mois, ont appris à bien se connaître.
Laura s’était offert une famille. Ar Bod fut le théâtre de soirées folles, de bamboches excessives, de fêtes exubérantes, il y avait une telle revanche à prendre sur le passé, de telles souffrances à effacer, un passé à exorciser.
Jacques a expliqué à Laura comment il avait perdu femme, situation et enfant lorsqu’elle avait sept ans. Il a souvent essuyé des larmes lorsqu’il rappelait le désert qu’il a traversé à ce moment-là, et lui a raconté le mensonge, la bêtise et le chagrin.
Jacques, désormais, vivait seul. Sa seconde union s’était soldée par un échec, c’était un écorché vif.
Depuis le jour de ces retrouvailles, un énorme espoir se lisait dans les yeux de Jacques, une grande fierté aussi, d’avoir enfin gagné sa bataille, il avait retrouvé sa fille, « sa môme ».
Quant à Laura, la « môme », on ne pouvait plus distinguer si c’était le bonheur de retrouver son père ou la formidable rancoeur d’avoir été abusée, trahie, qui habitait son âme. Elle passait de l’amour à la haine, et règlait des comptes avec son histoire, sa famille, sans prendre de gants, quelquefois.
Et par delà ces remous, elle retrouvait une forme d’équilibre dans sa vie. Elle avait un papa et ils en profiteraient au maximum tous les deux, désormais, c'était sûr !
La paix s’installait de nouveau pour eux deux.

Toutefois Jacques téléphona à Nad à l’arrivée de Juillet, et lui expliqua pourquoi un médecin venait de tirer la sonnette d’alarme, après l’avoir examiné tout dernièrement. Il  précisa ensuite les circonstances de cet examen médical imprévu :
Jacques avait profité de quelques jours de congé  pour rejoindre  dans le Morbihan une ancienne collègue de travail , grande amie, (sa soeur de coeur disait-il), ainsi que son conjoint..  Il devait passer une quinzaine de jours auprès d'eux. C’est alors qu’un malaise sérieux l’avait mis dans l’obligation de recevoir les soins d’un médecin local, puis d'ecourter son séjour pour poursuivre des investigations au centre hospitalier régional…la suite n'était guère rassurante.

Nad, à partir de ce jour, n’a plus cessé de l’accompagner dans son parcours.
A la suite d’autres problèmes, Jacques avait dû alors subir de nombreux examens et hospitalisations de durées plus ou moins longues. L’horreur s’installait.
Il  était atteint d’un cancer qui , à ce stade, ne laissait pratiquement aucune chance de survie, il fallait aujourd’hui apprendre à compter en mois, peut-être en semaines. Jacques ne souhaitait pas affoler la môme, qui par chance selon lui, se trouvait à l'abri à des kilomètres de là. Il voulait lui cacher la gravité de son état, la distance lui facilitait la tâche en quelque sorte. Il serait bien assez tôt pour la faire souffrir, disait-il.

Dans le courant du mois d’Aout, Nad, pourtant, prit la décision de parler à Laura. La gravité des interventions prévues ne lui laissait aucune disculpation possible à ses yeux, même sous couvert de méconnaissances médicales. Elle se sentait incapable de trahir Laura et de lui faire perdre un temps précieux.

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