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les histoires de géraldine
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25 janvier 2006

Jacques s'en va...

vous pourrez retrouver le début de ce long récit sur le message posté le 29/05/2005  : "écrire pour témoigner"

La môme est arrivée, un dimanche après-midi, hébétée, figée , envahie de peine et de fatigue, et terriblement marquée par des visions d'épouvante et de dégoût qui la hantent.

Elle avait quitté Lausanne après avoir obtenu  un court congé exceptionnel, pour venir rendre visite à Jacques. Celui-ci était  alors à peine conscient en service de réanimation à la suite d’ une lourde intervention ; et ce père qu’elle venait tout juste de réapprendre commençait déjà à l’abandonner.

Pendant huit mois, Nad a tenu la main de Jacques et porté le coeur de Laura. Yann partageait avec elle le poids de cette épreuve : l’impuissance devant la maladie et l' injustice.
Jacques a vécu ses derniers moments de vie de famille à Ar Bod, jusqu’à ce que l’hôpital s’empare de lui, définitivement.

Nad et Jacques passaient de longues heures à parler ensemble, tous les jours. Ils apprivoisaient la mort tranquillement.

Ces paroles que l’on échange, ces sourires que l’on guette, ces regards profonds et fous, ces caresses sur un corps qui s’éteint, ces échanges d’amour pur, quand la mort arrive ; tout alors prend une dimension exceptionnelle. La confiance s’installe, demain compte plus que tout. Il faut gagner du temps, pour les autres, mais être toujours prêt pour soi-même. Nad a connu près de Jacques des moments intenses d’espoir, puis  de détresse, de douleurs,  et ensuite d’apaisement. Nad a cheminé beaucoup dans son âme, elle a entrevu Dieu, elle a supplié que Jacques entre vite dans cette immense clarté, pour qu’il ne souffre plus.

*
*    *

Jacques a décliné lentement ; son corps n’était plus qu’une ombre de vie lorsqu'il s’est éteint en Mars 1995, dix jours après Pépère.

Nad a alors admis de vivre à côté de la mort, qui guette à chaque instant et nous apprend l’humilité.

Nad a surtout mesuré à quel point la vie est belle quand on sait la saisir, à quel point les instants comptent, tous les instants, et à quel point il faut tout empoigner dans la vie, le bon comme le mauvais, pour garder la force d'avancer imperturbablement sur le chemin de la sagesse.

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